Let's drive them crazy

Hein ? On se connaît ? C’est que je suis pas vraiment doué pour reconnaitre les visages et encore moins les noms. Quoi ? Je peux savoir pourquoi tu me regardes avec des yeux de poisson frit ? Ouais, ouais, de merlan frit, ça va, ce serait du thon ce serait pareil ok ? Bref, qu’est-ce que tu me veux ? Me connaitre ? C’est ton kiff d’aller voir un mec random pour lui demander de te raconter sa vie ? Putain, j’en ai croisé des gars chelou, mais toi tu sors du lot, bon t’es mignon mais j’aime pas vraiment parler de moi à des inconnus, enfin… Si t’as une petite « compensation » en échange, y a moyen qu’on s’arrange, et si t’es fauché, tu peux toujours payer en nature, héhé.

Bon par où commencer. T’as dû le remarquer, c’est écrit sur ma gueule et dans ma façon d’être, je n'ai pas ma langue dans ma poche, quand j’ai un truc à dire, je le dis, et puis c’est tout, j’y vais pas par quatre chemins, à vrai dire j’ai horreur des gens qui tournent autour du pot, on peut dire que je suis du genre impatient, ouais. Beaucoup me disent que j’ai des propos blessants par moments, mais je suis comme ça et je n'ai pas envie de changer, si tu m’apprécies pas pour ce que je suis, bah tu peux aller te faire foutre, je t’aime pas non plus de toute façon.

Bon, va pas croire que j’aime personne, je suis quelqu’un de plutôt social en soi sinon je serais pas là, en train de te raconter ma vie après tout… Mais oublies pas la faveur hein ? J’ai mauvaise mémoire pour ce qui est de me rappeler des gens en général, mais sache que lorsque l’on me doit quelque chose, cela restera gravé dans ma mémoire, c’est sélectif, qu’est-ce que tu veux.

Autre chose que j’oublie pas, c’est quand on me fait un coup de pute, que ce soit à moi, ou à mon entourage. Fait quoi que ce soit qui me foute en rogne et t’as intérêt à te terrer à l’autre bout du monde, car je suis extrêmement rancunier.

Ce que j’aime par-dessus tout, c’est m’amuser, sortir faire la fête, et surtout emmerder les gens autant que je peux. Observer la réaction des gens est quelque chose qui m’amuse, alors je suis plutôt du genre spontané dans ma façon de faire les choses.

Je suis quelqu’un de tactile aussi, surtout quand j’apprécie quelqu’un, si ça gène tant pis, de toute façon c’est limite un réflexe chez moi.

Bon je me mens pas vraiment à moi-même, je suis un branleur, doublé un imbécile, c'est pas pour rien qu'on m'appelle Silly -si tu le fais je t'arrache la tête ok ?- enfin c'est surtout que j'agis puis je réfléchis, je suis plutôt téméraire on va dire ?

Me décrire physiquement ? Pardon ? Mais t’as des yeux pourtant ! T’es bigleux ou quoi ?! Pff, s’il le faut, mais, ça te coutera plus cher.

Bon y a au moins un truc que t’as dû voir si t’es pas complètement aveugle ou complètement débile, je suis albinos. C’est évident, tout le monde le remarque, tu me diras j’aurais pu tout aussi bien me décolorer les cheveux, mais non, c’est leur couleur naturelle. De toute façon mon oeil rose chelou et mon tein en cachet d’aspirine ne trompent personne, j’ai une carence en mélanine, j’en produis pas ou un truc comme ça, du moins c’est ce qu’on m’a dit, j’ai pas vraiment cherché plus loin. Je sais juste que je dois esquiver un maximum le soleil pour pas cramer, c’est chiant parce que j’adore sortir. Et ouais pas de vacances d’été sur la plage pour moi ! Du moins en journée, heureusement je peux sortir le soir, du coup je suis une espèce d’oiseau de nuit qui fait des siestes l’aprèm.

Enfin je m’égare je crois… Qu’est-ce que je pourrais dire d’autre… Pardon… ? Ma taille ?! Hors de question !! … Bon ok contre cette boîte de pocky dans ta poche alors… Je fais… … … 1m68… Ouais je sais ! Ça va ! Un commentaire et je t’en mets une ! C’est bon on peut passer à autre chose ?!

Je pèse pas bien lourd, je suis plutôt mince à vrai dire, faut dire je bouge beaucoup et si y a bien un cours que je sèche pas souvent c’est le sport, du moins quand je suis pas dispensé, car le plus souvent le cours se déroule dehors en pleine journée.

Je porte des lentilles, et parfois des lunettes quand je suis chez moi, faut dire qu’à cause de mon albinisme je suis plutôt bigleux. Sinon un truc qui a fait hurler mon vieux quand il l’a découvert, c’est mon tatouage sous l’œil droit, mais ça t’as bien dû le voir.

Ah, c’est le moment de te raconter ma vie c’est ça ? Bon bah c’est parti, je crois que je vais te faire payer à l’heure parce que bon, j’en ai un peu marre de blablater avec toi. Le prend pas mal. Bon alors…

Je viens de la banlieue de Londres, la banlieue des richous rempli de pavillon beaucoup trop grand et beaucoup trop vide car ces gens-là passent leur vie dans leur lieu de travail, je sais de quoi je parle, mon père est médecin, et ma mère procureur général, autant dire que je les vois rarement, pas que je m’en plaigne, et eux non plus, je suis le spécialiste pour les mettre hors d’eux et cela depuis tout petit. Je leur suis pas vraiment indispensable, ils ont déjà un fils irréprochable, mon frère aîné, on a six ans de différence. Je sais pas pour lui, mais moi je n'ai jamais pu le piffer, trop clean, trop sérieux, trop moralisateur, des fois je me demande même si ce n'est pas mon père qui a rajeuni. Enfin, voilà en ce qui concerne le cercle familial, quant à moi, j’ai passé mon enfance jusqu’à aujourd’hui à faire les 400 coups avec Hayden.

Hayden c'est mon bro, mon BFF. On se connaît depuis qu'on est gosse, on est comme une vieille paire de chaussures en quelque sorte. Et si tu lui fais du mal, je t'encastre tellement fort dans un mur qu'on pensera à du street art contemmachin. Je suis sérieux ok ?

J’ai rencontré Hayden par hasard dans la rue, du haut de mes six ans déjà je m’amusais à semer ma nourrice, pour la voir se mettre à paniquer, à se demander comment elle allait bien pouvoir expliquer à mes parents ma soudaine disparition. J’avais une capuche, pour me protéger du soleil malgré la fin de journée, mais aussi pour cacher mes cheveux beaucoup trop voyants, je détestais voir tous ces adultes me fixer bizarrement. Quand finalement la vieille nounou m’avait repéré, j’ai couru pour la semer, jusqu’à percuter un autre enfant de mon âge, Hayden, par instinct, je l’ai embarqué avec moi dans ma fuite, nous nous sommes tous les deux cachés dans une aire de jeu.

Nous avions rapidement compris que nous étions du même tempérament, et nous nous sommes rapidement entendu, très vite, nous étions inséparables. Souvent je l’embarquais avec moi dans les soirées mondaines organisées par les plus friqués du quartier auquel je devais aller avec ma famille, je me faisais chier là-bas, donc j’embarquais Hayden et on y foutait la merde.

C’est sur place qu’on a finalement rencontré Al' et son larbin Alec, au début ils n'avaient pas vraiment l’air de nous apprécié, on m’a même fait la morale parce que j’avais fait entrer Hayden par effraction, boh, de toute façon ça a fini par se décanter et au final on a même réussi à les embarquer dans nos conneries.

Le collège, l’époque où j’ai commencé à boire et à faire la fête, c’est aussi à cette époque où j’ai été dépucelé en dernière année de collège lors d’une soirée particulièrement arrosée. Après ça j’ai surtout dépucelé pas mal de personnes dont certains de mes camarades de classe, presque à chaque soirée à vrai dire, après tout rien ne m’empêchait de prendre du bon temps. Je me suis rapidement rendu compte que je me fichais que mon partenaire soit un homme ou une femme.

Puis vint le lycée, j’étais inscrit dans une prestigieuse école privée pour garçon, certainement parce que mon père avait deviné mes « activités » lors de mes escapades nocturnes, cependant il ignorait que je niquais aussi des mecs. Too bad daddy.

Les tardos du lycée, ils avaient plutôt peur de moi, je les voyais souvent détourner du regard quand ils me croisaient dans le couloir. C’était depuis que j’ai envoyé ce mec à l’hôpital. Quoi tu veux en savoir plus ? A vrai dire, même Hayden ne connaît pas les détails de cette histoire, il était là, il a vu la scène de loin, mais il n’a jamais vraiment su ce qu’il c’était passé, particulièrement dans ma tête.

J’étais pas frais ce jour-là, je venais de passer plusieurs jours pratiquement non-stop sur un jeu vidéo qui venait tout juste de sortir. Je suis pas vraiment un no-life, j’aime les jeux vidéo, mais je préfère sortir faire la fête, mais à cette période, j’avais ressenti un besoin de m’isoler, quelque chose c’était cassé chez moi, j’avais envie de voir personne, juste rester dans ma chambre et faire la carpette, ne plus penser à rien. Je ne trouvais plus un sens à rien, j’ignorais ce qu’il m’arrivait, j’étais juste, triste ? Je sais pas, c’était un sentiment putain de casse couilles en tout cas !

Ma vision du réel semblait être altérée, je n’arrivais plus à voir les personnes qui m’entouraient, leur visage étaient comme, censurés par un flou, rien que le fait qu’ils m’adressent la parole m’irritait. Je suis retourné en cours, parce que mon père est revenu à la maison, fou de rage et m’a presque foutu dehors. Le matin je m’étais contenté de faire la carpette sur mon bureau en ignorant tout le monde, puis le cours de sport arriva en fin d’après-midi, c’est un cours que j’aime particulièrement en temps normal, mais à cette période-là, je n’arrivais plus gout à rien, j’étais là au milieu de la pelouse, entouré de formes flouté bougeant dans tous les sens, me provoquant un affreux mal de crâne.

Et puis y avait lui… Cette forme qui semblait s’adresser directement à moi, me faisant des signes. Je crois qu’il me parlait, mais je n’entendais que les sons brouillés d’une vieille radio. Tout, absolument tout dans mon environnement irritait, j’avais senti cette irritation grandir, petit à petit, plus rapidement que je ne l’avais imaginé… Avant que je ne me rende compte avec lucidité de quoi que ce soit, j’étais au-dessus de ce mec, une batte à main, fracassant sa gueule difforme, dont la tache floutée devenait de plus en plus rougeâtre.

Je sentis alors un choc qui m’avait plaqué au sol, quelqu’un avait finalement décidé de bouger son cul pour me stopper avant qu’il ne soit trop tard.

Ce mec que j’ai envoyé à l’hôpital, je sais même pas son nom, je sais pas qui c’est, et j’ai pas cherché à savoir. Mes parents ont trouvé le moyen d’étouffer l’affaire, mais j’ai dû changer d’établissements. On m’a dit d’aller voir un psy, hors de question que j’aille voir un de ses charlatans, plutôt crever que de raconter ma vie à aux gens que je connais pas ! … Oh wait…

Je fus alors envoyé dans le même lycée que Hayden et Alec, un lycée classique et bizarrement Al' a également trouvé le moyen de nous rejoindre.

Ce Al' d’ailleurs, je voyais bien qu’Alec avait des vues sur lui, je suis peut-être handicapé des yeux, mais avec mes lentilles j’y voyais plutôt clair. Nan je dec’ j’ai vu que dalle, je l’ai simplement surpris dans un élan de frustration, je l’ai donc aidé… À ma manière. Oh rien de bien méchant à vrai dire, on est jamais aller jusqu’au bout, juste quelques roulages de pelle et autres petites gâteries entre deux cours dans un endroit plus ou moins discret du bahut

On a continué comme ça jusqu’en troisième année de lycée. C’est cette année-là qu’avec Hayden on a eu l’idée de génie d’aller s’infiltrer dans le bureau des profs pour chopper les sujets des examens blancs. Héhé c’était génial. Enfin. Ça aurait pu. Alphée nous a cramé, et à force de nous gueuler dessus pour nous arrêter bah évidemment on s’est fait également griller par les profs, et ce fut donc conseil de discipline pour nous trois puis renvoie.

Je cumulais deux renvois, autant dire que mes géniteurs étaient plus désespérés qu’enervé. Ils ont donc pris la décision de m'envoyer à Libérum, là où seul l’argent comptait, le but n'était pas vraiment que j'ai une bonne scolarité, mais plutôt que je sois loin, très loin d’eux.

On a passé notre bac, et nous sommes entrée à l’université, enfin tu te demandes surement comment j’ai bien pu avoir mon bac, bah Alec m’a aidé à réviser avant l’examen, c’était chiant, ennuyeux, et j’avais même pas le droit de le peloter ! Enfin à côté avec Hayden on a foiré notre première année de licence, en même temps on a passé plus de temps dehors qu’à aller en cours alors forcement les exams sont passés à la trappe.

Je crois que j'ai finis. C'est bon, t'as eus ce que tu voulais, à présent il est temps de me donner ta compensation~, tout se paie mon petit~.